Tambouille pour écrivain

Comment écrire la prémisse de son roman?

L’art de la prémisse est complexe.

Qu’est-ce qu’une prémisse?

La prémisse, c’est le résumé d’un livre en une ou deux phrases. Maximum. Au premier abord, ça peut paraître facile, mais condenser son travail en une quinzaine de mots est en réalité un exercice plutôt laborieux. La prémisse est une promesse : la promesse de ce que raconte le livre. C’est la mise en lumière du thème, des enjeux et du personnage principal.

Que vous choisissiez l’édition traditionnelle ou l’autoédition, la prémisse servira à vous vendre, à attirer l’attention et va faciliter la rédaction du synopsis ainsi que l’élaboration ton plan. Bref, être capable de résumer ton livre en une seule phrase, c’est indispensable.
L’autre mauvaise nouvelle, c’est que si tu n’arrives pas à écrire la prémisse de ton livre, c’est que ta structure n’est sans doute pas assez claire.

Pour commencer, il existe deux règles non négociables :

  • La prémisse doit être courte, claire et précise (entre 15 et 20 mots maximum.)
  • Elle doit englober l’intrigue générale ET l’intrigue personnelle.

Comment écrire la prémisse?

Maintenant qu’on sait ce que c’est, il faut savoir comment l’écrire.

Pensez aux résumés dans les magazines littéraires, ou dans le programme ciné. En quelques lignes seulement, on arrive à vous faire comprendre de quoi va traiter le livre ou le film qui vous intéresse.

Par exemple :

  • Le film “Je suis une légende” : Des années après qu’une épidémie ait transformé une partie de la population en zombies, le dernier survivant de la ville de New-York lutte pour trouver un traitement.
  • Le film “Manchester by the sea” (que si vous avez pas vu, il FAUT voir) : “Un oncle dépressif se voit attribuer la garde de son neveu, un adolescent, suite  à la mort de son père.”

 

6 étapes pour écrire la prémisse

On va commencer par un exemple simple qui nous servira de base pour décortiquer la prémisse :

Un policier hanté par la mort de sa fille mène l’enquête sur un kidnappeur d’enfants dans sa ville natale.

Et maintenant, voyons l’anatomie détaillée…

  • Le personnage principal. Règle d’or : ne pas l’appeler par son prénom, c’est trop facile. On cherche d’abord à savoir qui il est, avant de savoir comment il s’appele : jeune homme, vieil homme, un policier, un employé de banque, un réfugié politique, etc. En quelques mots, donner la base de ce qu’il est et ce qui va être important à mettre en valeur pour ton histoire.
    Et pourquoi?
    Parce que tes personnages sont le cœur de ton livre. Alors si on reprend notre prémisse de départ, on a ici affaire à un policier (il peut être roux, grand, vieux ou jeune, ça n’a pas d’importance, ce qu’on choisit de mettre en valeur ici, c’est son métier).
  • Le problème personnel : en général, le personnage principal a un spectre. Un événement traumatisant, un mensonge qu’il se raconte, quelque chose qui l’empêche de vivre pleinement et qu’il a besoin de changer pour s’épanouir.
    Exemple: Ici, notre policier est hanté par la mort de sa fille : peut-être qu’il se sent responsable de sa mort, qu’il ne supporte plus de vivre sans elle, que cela l’a fait plonger dans la boisson, ou une addiction aux médicaments. Ce qu’on sait, c’est que notre personnage est hanté.
  • L’objectif de votre personnage : si votre personnage ne veut rien, il n’y a pas d’histoire. Parce que du coup, il n’est pas proactif, il ne prend pas de décision, personne ne vient contrecarrer ses plans. L’objectif et la motivation du personnage sont des aspects clés du storytelling et qui doivent apparaître dans la prémisse.
    Exemple: Notre policier veut sauver les enfants kidnappés et les ramener sains et saufs à leurs parents. Non seulement parce que kidnapper des enfants, c’est mal, mais pour notre policier, c’est encore pire puisqu’il a lui-même perdu un enfant.
  • La force opposante : c’est ce qui va empêcher votre protagoniste d’obtenir ce qu’il veut. Cette force crée du conflit et donc, de l’histoire. Par contre, le problème personnel n’est pas suffisant en tant que force d’opposition. Si notre policier est devenu alcoolique suite à la perte de son enfant, ses démons intérieurs ne suffisent pas : il faut qu’il s’agisse préférablement d’une force humaine. En général, l’antagoniste veut l’opposé de ce que veut le protagoniste. C’est pour ça qu’ils sont antagonistes. Duh.
    Exemple : Notre policier a donc en face de lui un grand malade qui s’amuse à kidnapper des enfants et qui ne semble pas vouloir les ramener vivant à la police après leur avoir offert une tasse de thé. La force qui s’oppose à lui est donc ce kidnappeur.
  • Les enjeux : que va-t-il se passer si votre personnage ne réussit pas son objectif? L’intérêt de placer les enjeux dans la prémisse va vous permettre de bien situer la tension dans votre récit. Ce qui fait que votre personnage principal n’a pas d’autre choix que d’être proactif.
    Exemple: le serial killer a kidnappé un enfant, et le flic doit le retrouver encore plus vite. Pire encore,  cet enfant pourrait être le fils d’un ami. Quelqu’un qui aurait soutenu notre policier quand il a lui-même perdu son enfant.
  • Le changement : le changement revient à l’arc dramatique du personnage. Votre ami le policier, à la fin , doit avoir changé. L’expérience qu’il aura vécu pendant l’histoire lui aura fait prendre conscience de certaines choses.
    Exemple : au début du roman, notre policier, hanté par la mort de sa fille, se sentait responsable. Il se disait qu’en tant qu’autorité publique, et en tant que père, il aurait dû être en mesure de lui sauver la vie. Peut-être qu’en sauvant le fils de son ami, il parvient à trouver une sorte de rédemption et ainsi, à ne plus vivre dans la culpabilité.

Après avoir rempli toutes ces cases, vous devriez avoir déjà une bonne idée de ce à quoi va ressembler votre prémisse. Cela devait représenter un à deux paragraphes.

Un policier de campagne, hanté par le décès de sa fille dont il se sent responsable est chargé d’enquêter sur la disparition d’enfants dans sa ville natale. Rapidement, il comprend que cela est le travail d’un seul homme, un kidnappeur qu’il doit très vite arrêter. Alors que les corps sans vie de plusieurs enfants sont déjà été retrouvés, le fils du meilleur ami du policier est lui-même enlevé.  Notre policier va donc devoir lutter pour récupérer le petit garçon vivant. A la fin, il parvient à sauver l’enfant qui est ramené à sa famille, sain et sauf (bien que légèrement traumatisé). Notre policier, fier de son travail, parvient finalement à faire la paix avec lui-même et se pardonner pour le décès de sa petite fille.

(je vous accorde que j’aurais pu trouver un exemple un peu plus gai)

Et la septième étape…

La suite du jeu, désormais, ça va être de transformer votre paragraphe en une seule phrase.
Je vous présente donc l’anatomie d’une prémisse :

Quand (événement déclencheur), (votre personnage avec sa caractéristique/spectre) décide d’agit, faisant face à (une force antagoniste) jusqu’à ce que (la fin).

On essaie?

Quand [un village est victime d’une vague de kidnappings d’enfants], [un policier hanté par la mort de sa petite fille] décide d’agir, faisant face à un [serial-killer ayant kidnappé le fils de son meilleur ami] jusqu’à ce que [notre personnage ne sauve l’enfant et ne se pardonne enfin le décès de sa propre fille].

Et voilà. Super facile, hein?

Non, pas du tout. C’est un processus compliqué qui peut prendre du temps.

Rassurez-vous : si vous mettez des heures et des journées entières à écrire votre prémisse, c’est normal. Si vous vous rendez compte que vous n’y arrivez pas, c’est probablement parce qu’il y a un souci dans votre structure : le spectre de ton personnage n’existe pas, les enjeux ne créent pas assez de tension, etc. C’est aussi l’occasion de remettre en question certains aspects de votre livre.

Comme je le disais, c’est un exercice difficile et qui demande déjà une réflexion préalable sur votre roman. Donc prenez bien votre temps pour que votre prémisse soit logique et fidèle à votre histoire.

Dîtes-moi dans les commentaires si vous avez réussi à faire votre prémisse avec mes petites astuces, ou si c’est juste la méga galère! 🙂

(4) Comments

  1. J’avais l’habitude de résumer mon bouquin en un phrase assez oedipienne : c’est l’histoire d’un gars qui tue son père, et après c’est le bordel. Mais du coup tu me donnes envie d’essayer de l’améliorer un peu plus sérieusement !

    Et ça me rend aussi curieuse de lire la prémisse de tes romans à toi :p

    1. Lea Hendersen says:

      AAAAAAH… Ca me rend timide, tout ça !!! 🙂 Un jour, quand je serai grande, je partagerai un peu ce que j’écris. Mais c’est assez flippant. J’ai vu que sur ton blog, tu en parlais et je suis admirative ! J’adore écrire des articles et poster des vidéos conseils d’écriture. Mais parler de moi et de mon travail… C’est une autre paire de manche, comme disent les jeunes.

      1. Rooooooh !
        Vla qu’il va falloir que j’attende que tu sois grande xD

        Je comprends que ça puisse être assez flippant de se lancer pour la première fois sans savoir qui lira. Mais généralement les gens qui on des blogs d’écriture sont soit enfermés dans leur petit monde à parler d’eux et de ce qu’ils font sans se préoccuper des autres, soit sont bouffés de curiosité et s’intéressent à tout ~ Donc au pire, tu risques l’indifférence, au mieux plein de questions et de remarques qui vont te booster à fond (à moins que ça ne soit ça le pire ~) 😉

  2. […] Tu vois le délire? Si tu veux plus de détails, j’ai un article dessus, il est là. Faut juste cliquer. […]

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