Tambouille pour écrivain

Créer le monde imaginaire de votre roman | 1ère partie

Nous, en France, on n’a pas de mot pour ça, mais en anglais, on appelle ça le World-Building (litt. : construction de monde). C’est l’art et la capacité de créer un monde imaginaire dans lequel votre roman va se dérouler.

Pour commencer, je tiens à dire que c’est un des aspects de l’écriture que j’aime le plus. Je pourrais passer des heures à me promener dans mon monde imaginaire, imaginer des paysages, des constructions épiques et des sociétés aux histoires et aux mœurs différentes.

Quelques petits points importants avant de commencer :

Prenez en compte le genre que vous écrivez

Il n’est pas nécessaire de fabriquer un monde pour votre roman, bien évidemment. Si vous écrivez une romance entre un surfeur et une toiletteuse pour chien (roh, c’est nul, pardon) sur les plages de Miami, on est d’accord, que c’est pas la peine d’insérer des dragons, ou des vaisseaux spatiaux.
Par contre, si vous écrivez de la Science-Fiction ou de la Fantasy, ou du Fantastique, construire un monde imaginaire est indispensable. Et ce n’est pas le même processus en fonction des genres.

Pourquoi ce processus est important

C’est important déjà parce que ça donne du corps à ton roman, et à ton histoire et à tes personnages. Si ça c’est déjà c’est pas essentiel, je sais ne sais pas ce qu’il te faut.
Mais en plus, c’est important parce que si tu ne le fais pas bien, le lecteur n’y croira pas, et un éventuel éditeur n’y croira pas non plus.
En outre, le fait de prendre ce temps avant de commencer la rédaction de ton livre va faciliter l’écriture. Quand tu sais de quoi tu parles, quand tu comprends ton monde, l’écriture devient plus fluide.

Ce qu’il faut partager au lecteur et ce qu’il faut garder pour soi

Ça paraît évident, mais toutes les informations que tu vas rassembler sur ton monde ne sont pas indispensables à ton histoire. Elles le sont peut-être pour toi parce qu’elles t’aident à comprendre ton univers, mais ton lecteur n’en aura peut-être rien à faire, et en plus, ce n’est pas essentiel à l’histoire. Il est inutile, voire hautement contre-productif de commencer ton livre en balançant toutes les lois du monde, son histoire, ainsi que les spécificités de sa biodiversité.
Pour donner des informations sur ton monde, vas-y par petites doses. Comme des petits copeaux chocolats parsemés le long de ton histoire, dans la narration ou les dialogues. Laisse tes lecteurs découvrir le monde en même temps que tes personnages.

Cet article va être foutrement long

Oui, je le dis immédiatement, cet article va être long, alors je vais le faire en deux, voire trop parties. Il y a un nombre incalculables de petits détails, de questions, et encore, je suis certaine que je ne vais pas pouvoir tout te dire! Alors va te chercher un café. On commence.

La géographie de ton univers

Les paysages

Commence par te poser la question de ce à quoi ressemble la terre. Pas la planète Terre, juste le terrain : est-ce qu’il s’agit de montagnes, déserts, plaines verdoyantes, des forêts, etc. Et demande-toi ensuite comment est-ce que cela influence les gens qui vivent sur ce terrain.

L’environnement dans lequel vivent les gens est-il agréable, tempéré et ne pose pas de problème ou l’agriculture? Ou au contraire est-ce un terrain hostile qui fait que les gens doivent lutter et s’organiser pour survivre? Ca influence grandement l’organisation de la société, mais aussi l’état d’esprit des gens.

Par exemple, dans Game of Thrones, les gens résidant au Nord, et à Winterfell ont un état d’esprit bien différent parce qu’ils ont eu à vivre dans le froid, et ont traversé des hivers très rudes.

Faune et flore

(on retourne en cours de 5ème)

La faune et la flore peuvent avoir une grand influence sur les gens. Les plantes sont-elles vénéneuses, ou au contraire peuvent-elles nourrir ou guérir? Les arbres sont-ils sacrés, ou au contraire coupés pour fabriquer des maisons? Les insectes sont-ils gentils et mignons ou bien sont-ils énormes et agressifs?

Les animaux peuvent aussi jouer un rôle crucial. Sont-ils sacrés ou maudits? Ils peuvent servir de proie pour les populations qui les chassent, ou au contraire être une aide précieuse dans les champs, ou lors de bataille.

Le climat

Le climat, encore une fois, influence considérablement la vie des gens. Y a-t-il des températures extrêmes? Le climat est-il océanique, montagneux, ou est-ce qu’il n’y a pas de climat parce que tes personnages vivent en orbite dans un vaisseau spatial?

Pose-toi la question du rythme des saisons. Combien de saison y a-t-il dans ton monde? Quand changent-elles et comment cela influence les populations dans leur agriculture ou leur vie spirituelle?

Google Maps

Le mieux, une fois que tu as rassemblé toutes ces informations, c’est de te lancer dans un atelier dessin et collage. Pas besoin d’être diplômé en géologie ou géographie. Une carte, même un peu grossière, te permet de situer les principaux éléments physiques de ton monde.

Les océans, les lacs, les terres, les montagnes, les villes, etc.

Point bonus : cela te permet de voir aussi quels sont les moyens de transport.

Par exemple : Combien de temps faudra-t-il à mon personne pour partir de la ville A vers la ville B en bateau? Comment mon personnage peut-il rejoindre ce lac s’il doit traverser les montagnes?

Les transports sont très importants à prendre en compte. Les voyages sont radicalement différents dans un monde plutôt médiéval où on se promène à cheval, ou dans un monde plutôt  steampunk avec des vieux trains à vapeur, etc. Cela doit être crédible pour le lecteur aussi.

 

J’arrête là pour aujourd’hui, parce que cet article est déjà trop long. Je vous balance la suite demain, avec (spoiler alert !!!) … la société ! 

 

Crédit photo : Kellepics, Pixabay

(4) Comments

  1. J’aurai aimé connaitre ce blog avant de publier mon premier roman… Très bon boulot, très poussé…

    1. Lea Hendersen says:

      Merci, ça me touche énormément ce genre de commentaire. Et un premier roman… C’est juste le signe qu’il y en aura des tas d’autres, après, non? 🙂

  2. J’aimerais ajouter une remarque, en tant qu’auteure qui navigue entre la SFFF, le contemporain et l’historique : c’est sûr qu’en contemporain ou en historique, on n’a pas besoin de construire un monde *imaginaire*, mais le worldbuilding est tout aussi nécessaire et important… et parfois encore plus casse-gueule, parce qu’on est obligé de tenir compte de la réalité *tout le temps*!
    Certes, si on écrit un huis-clos entre des personnages qui nous ressemblent comme deux gouttes d’eau, on n’aura pas le sentiment de faire du worldbuilding, parce qu’on décrit un monde qu’on connaît déjà très bien. En revanche, pour reprendre ton exemple (LOL), moi qui connais vraiment mal le monde du surf *et* du toilettage pour chien, ça impliquerait énormément de recherches et de travail de cohérence. Et tout ce que tu dis sur les univers imaginaires s’appliquerait aussi!
    Les écrivains de SFFF ont parfois l’impression que leur genre est plus difficile ou sophistiqué parce qu’ils inventent tous ces trucs, mais je pense exactement le contraire. Cette liberté d’inventer est ce qui rend le travail du worldbuilding plus facile, à mon avis. Après, cela dépend évidemment de la complexité de l’univers, qu’on soit en SFFF, en contemporain ou en historique; on trouve évidemment de tout, du plus simple au plus compliqué, ça se détermine au cas par cas.

  3. Deborah says:

    Merci beaucoup pour ces conseils.

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