Tambouille pour écrivain

Un mois de publication : le bilan

Mon livre, Les Contours de la mélancolie est sorti le 2 janvier 2020.
Comme ça fait un mois et quelques jours, et qu’en plus, j’ai pas dit un mot ou presque sur l’internet mondial depuis tout ce temps, je me suis dit que j’allais vous proposer un bilan.

(va te faire un café, l’article est beaucoup trop long)

Le Jour J

Le 2 janvier, c’était genre… Une journée comme les autres. Désolée de vous décevoir, mais j’étais pas sur un nuage, je n’ai pas encaissé un chèque de 10 000€, je n’ai pas répondu à des dizaines de journalistes qui s’entassaient devant ma porte.
Je me suis levée, j’ai pris une douche et un café et je suis allée au travail. J’ai traité des dossiers et aucun de mes collègues ne m’a félicitée (normal, ils sont pas au courant.) Sauf un qui m’a fait un gros thumbs up et je lui ai répondu : ça va, c’est rien.

Oui, parce que c’était rien. Juste un livre de plus sur les étals de librairies. Vous allez dire que j’ai pas de cœur de penser ça, que ce livre est mon bébé, le plus précieux de tous les récits à mes yeux… Mais je ne le vis pas comme ça. Je suis heureuse et honorée d’avoir été publiée, mais je ne veux pas en faire une affaire. C’est trop cool, mais c’est ainsi.

Les rencontres avec les libraires

La semaine du 21 janvier a été pour moi une semaine charnière. Calmann-Lévy avait organisé un repas à Nantes le lundi 21 où beaucoup de libraires de la région Grand Ouest avaient été conviés. J’avais posé ma journée exprès et oui, j’étais un peu stressée de m’y rendre (surtout que ma voiture sur la 4 voies a décidé qu’elle avait plus de liquide de refroidissement, obligée de m’arrêter, je me transformer en Jean-Michel Mécano pour gérer le problème, mais au moins, ça m’a aidée à déstresser.) Mais j’étais surtout très heureuse.

A peine arrivée, deux libraires s’approchent de moi et le premier truc qu’elles me disent, qu’elles me chuchotent à l’oreille, comme s’il s’agissait d’un secret bien gardé :

“J’ai adoré votre livre.”

Petite confession : je ne sais pas DU TOUT quoi répondre quand on me dit ça. Je dis merci, avec une tête de bécasse et je cherche du regard, instinctivement, la porte de sortie la plus proche. Ce que j’ai trouvé ultra fascinant, par contre, c’est la façon dont chaque personne qui avait lu Les Contours de la mélancolie y avait vu des choses que je n’avais pas décelées ou avait été émue par des scènes que je trouvais moyennes.

Et puis, j’ai dû parler en public devant tous ces libraires pour leur présenter mon livre. Mon éditrice m’avait prévenue et j’avais préparé un speech rondement mené. Quand mon tour est venu, j’étais vraiment heureuse de me prêter à l’exercice. Déjà, parce que je trouve vraiment que mon livre est chouette, heureusement pour moi. Mais surtout parce que j’adoooore parler en public. Déjà, au lycée, je kiffais faire des exposés, j’adore faire des blagues ou émouvoir les gens, étaler ma science. En gros, je suis beaucoup plus à l’aise devant une petite foule qu’en tête à tête.

Cette expérience a été incroyable.

Deux jours plus tard, j’ai pu me rendre à Paris dans les locaux de Calmann-Lévy pour rencontrer l’équipe (teeeeellement heureuse de croiser ma correctrice, ainsi que l’assistante qui avait reçu et suggéré mon manuscrit à mon éditrice.) J’ai été avec eux dans un petit café où s’était rassemblée une foule de libraires et j’ai pu, avec mes confrères de la rentrée littéraire parler de mon livre dans un vrai micro de superstar. Et après, on m’a offert du champagne.

Moi avec mon micro de superstar

Bon, je bois très peu d’alcool (merciiii la migraine!!!) donc au bout de deux verres, je me suis mise à parler beaucoup trop librement. Heureusement qu’il y avait les petits fours pour calmer mes ardeurs.

Après cette soirée (et une nuit dans un super hôtel avec un lit mééééééga grand) je suis rentrée dans ma province, dans ma maison pour faire une sieste.

Je tiens à dire que de participer à ces deux événement a été life changing. Parler avec des gens dont l’écriture, et par extension le monde du livre, est le métier, c’est quelque chose qui ne m’était jamais arrivé. Je parle peu écriture autour de moi, parce que mes proches s’en foutent, ou qu’ils ne comprennent pas ce que ça implique. Là, j’ai eu à faire à des gens vraiment passionnés, professionnalisés qui ont déjà bien roulé leurs bosses dans ce milieu.

Mais ce qui m’a vraiment émue, c’était juste la bienveillance. DE TOUT LE MONDE. TOUT LE MONDE ÉTAIT GENTIL. TOUT LE MONDE. J’avais peur d’être la petite nouvelle, l’auteure dont tout le monde se fout, celle qui rase les murs. Et au contraire, on est venu vers moi, me poser des questions sur mon travail, me proposer du champagne (non merci, sauf si tu veux que je te fasse la danse des canards en slip d’ici 20 minutes.) Et entendre les éditrices parler des auteurs et leurs livres m’a vraiment bouleversée. Ces nanas sont passionnées par leur travail, elles adorent les livres qu’elles publient, elles en parlent avec des énormes étoiles dans les yeux.

Les dédicaces

Je vis dans une ville que Topito a élu la ville la plus nulle de France : Cholet.
J’avoue, je kiffe pas trop la ville, mais c’est ici que mon mec travaille et j’ai quitté ma Bretagne pour lui.

Mais Cholet a l’avantage d’avoir une IMMENSE et trop belle librairie qui s’appelle Le Passage Culturel et qui m’a proposé de venir faire ma toute première séance de dédicaces de toute ma vie dans leurs locaux.

Bon, le samedi matin, j’étais ultra tendue. Je savais pas où me mettre, ni dans quelle position, je voyais l’heure avancer jusqu’au moment fatidique où il a fallu y aller.

J’étais donc assise sur une petite chaise, avec une petite table, avec un petit panneau avec mon prénom dessus et une dizaine de bouquins.

Et là je me suis dit : je vais passer un moment de solitude total. Et ça va durer trois putains d’heures.

Eh bien non.

Donc évidemment, ma maman, mon frère, ma sœur et leurs progénitures sont tous venus. Toute la famille de mon mec également. Ils ont tous acheté des bouquins, ces petits bichons.

Mais le plus surprenants, c’était aussi d’avoir des gens inconnus qui viennent, des curieux qui se prennent au jeu. Qui me demandent de raconter le synopsis du roman (exercice tortueux, je vous conseille de vous y préparer.) J’ai eu des rencontres qui m’ont beaucoup émue dont je vous parlerai peut-être. J’ai essayé de faire de belles dédicaces, personnalisées, toujours avec un petit mot en rapport avec les conversations qu’on avait eues. Et j’ai aussi eu la belle surprise de voir mon prof de littérature du lycée débarquer !

Bref, j’ai réussi à écouler deux piles de bouquins ce jour-là !

Les trucs un peu nuls

Parmi les trucs trop nuls, il y a quand même quelque chose que je vis assez mal, et c’est ce décalage entre ma vie d’écrivain et ma vie professionnelle. Je suis obligée d’être sur tous les fronts, à la fois au boulot, tout en restant disponible pour l’écriture et le travail autour de la promotion de mon livre.

Retourner au bureau après avoir passé une semaine avec mon éditrice (qui est trop belle, je vous l’ai dit, ou pas?!) ça a été très dur. Gérer des dossiers, gérer des clients. Heureusement que j’aime mon taff et que je m’y sens bien. Mais l’écriture reste ma passion, un domaine complètement à part que je n’ai pas envie de partager avec mes collègues. (Pourquoi? Parce que ça les regarde pas et aussi parce que je pense qu’ils s’en foutraient complètement.)

Un autre truc nul et que je dois à tout prix arrêter, c’est la recherche permanente de l‘instant gratification : j’ai passé des semaines à me googler, à googler mon livre pour savoir si on parlait de moi sur internet. Comme une grosse débile maniaque et mégalomane. Google, Instagram, Twitter, Babelio. Bref, je sais pas ce que je cherche en faisant ça, mais c’est mal. Ça pèse sur le moral, ça me fait perdre mon temps et ça me fatigue.

Et puis bien sûr, il y a cette peur terrible : et si mon livre était un énorme échec? Et si ma maison d’édition regrettait d’avoir collaboré avec moi? Et si ce livre ne lançait pas du tout ma carrière, mais au contraire, m’enfonçait complètement…? Bref, le genre de questionnements qui peut me réveiller la nuit et me rendre un peu folle.

Les trucs trop cools

Mais je conclus évidemment par des trucs trop cools !

Déjà, j’ai d’autres dates de dédicaces de prévues. Et ça, ça veut dire que des libraires ont lu et assez aimé mon livre pour me proposer de participer à des rencontres avec des lecteurs. Je vais également, et là c’est l’émotion au plus haut niveau, participer deux jours (DEUX JOURS) au salon du livre de Montaigu.

(instant Nostalgie, préparez vos mouchoirs : Ma mère et mon père sont de grands grands grands lecteurs, et comme j’ai grandi en Vendée, ils m’emmenaient tous les ans au salon du livre de Montaigu. J’en garde des souvenirs forts, non pas parce que je me voyais y être un jour, mais parce que c’était une ambiance particulière, avec des auteurs connus, moins connus, et surtout, des amoureux du livre qui se déplaçaient pour rencontrer leurs écrivains préférés et en découvrir de nouveaux.)

Petite note : j’ai ENFIN réussi (je crois) à changer mon nom de domaine pour me débarrasser de cet horrible pseudo. Bon, évidemment, mon SEO est tout déglingué, mais je m’en fous. Et je suis désolée si cela a perturbé votre navigateur.

Ensuite, je suis passée à la télé (quelle gloire absolue!) La télé locale de télé Cholet (gloire absolue, je vous disais!!)

Et surtout, j’ai eu droit à un soutien inconditionnel de la part de ma famille et mes amis qui ont tous l’air d’être drôlement fiers de moi. Et mon copain qui a passé des heures pendant ma dédicace à monter la garde de loin pour être sûr que tout allait bien. Je suis extrêmement bien entourée, et ça, c’est trop cool.

Voilà, c’était un article foutrement long. Vous m’en voyez désolée. J’espère que vous avez tenu jusqu’au bout, auquel cas, félicitations!

Promis, je reviens bientôt avec des sujets plus terre-à-terre où je ne parlerai pas que de ma gueule comme une grosse narcissique.

(8) Comments

  1. Je suis tellement contente pour toi, et merci de partager ces petits moments avec nous, via tes mots. J’aime beaucoup l’atmosphère que tu as créé avec ton blog et ta voix d’auteure. Bref, ce n’est que le début d’une longue et belle aventure – oui c’est un peu cliché, et alors ? ^^
    Des bises

    1. Lea Herbreteau says:

      Ooooh Merci beaucoup Elodie !!! Je t’envoie un milliards de cœurs !!!
      Et des bisous, et des caresses et des pingouins et du succès et des ananas.

  2. Hello !
    Je voulais t’envoyer un message perso, mais en lisant l’article je me suis dit « fais-le maintenant sinon tu le feras jamais »…
    Donc c’était pour te dire que j’ai lu et beaucoup aimé ton livre ! (Et c’est pour ça que ça a un intérêt de dire ça en public : aux lecteurs de ce blog, lisez-le c’est vraiment bien !!)
    J’ai adoré l’humour que tu glisses dans tes phrases, et ce qui est génial c’est que ça ne se réduit pas à ça et qu’il y a un vrai sujet derrière. Les personnages sont hyper attachants, je me suis reconnue dans pas mal de trucs (et MERCI d’écrire une histoire d’amour qui soit juste normale, avec des gens qui ne sont ni des beaux gosses absolus, ni des libertins survoltés, ni des romantiques gnangnans, ça fait sacrément du bien par rapport à ce qu’on voit habituellement !)
    Bref, bravo, c’est très réussi ! Si tu passes dans le sud à un moment, je serais ravie de te faire dédicacer mon exemplaire et de discuter un peu avec toi…
    Ce qui est drôle, c’est que le roman que je suis en train d’écrire traite aussi du bonheur, et particulièrement du bonheur au travail ! (Mais en mode dystopie)
    En tout cas, profite bien de ce lancement, et je souhaite vraiment à ton livre beaucoup de succès (pour ma part je vais en parler autour de moi).

    1. Lea Herbreteau says:

      Ooh mais tellement de MERCIS!!!
      Oui, l’histoire d’amour était importante pour moi, de parler de gens normaux qui construisent une histoire d’amour avec tout ce que ça peut avoir de très romantique et de très chiant.
      Pas de dédicaces prévues dans le sud pour l’instant (même si je viens de recevoir un message d’un libraire quelque part dans le sud, donc… peut-être !!!)
      Le thème de ton roman a l’air formidable! Ça me donne carrément envie, vraiment. Je suis complètement fascinée par le monde du travail !!! (Si tu cherches des bêtas lecteurs … 😉

  3. Coucou Léa !!

    Je suis allée jusqu’au bout ! J’ai gagné quoi ? 🙂 Déja, il est joli ton site comme ça, je m’y attendais pas du tout en cliquant sur le lien et belle surprise ! Ensuite, ça m’a fait rire tout du long et je comprends complètement les différentes phases par lesquelles tu es passée ! Tu serais surprise de voir que certains ne s’en foutraient pas de ton écriture, au contraire (quand deux de mes nouvelles ont été publiées dans un recueil collectif sur du vrai papier, les gens se sont dit, ah ouais, en fait, elle fait pas que des gribouillis quand il pleut et qu’elle a que ça à glander !)

    Comme d’hab, je me reconnais dans tout ce que tu dis (ahah, sauf que moi, j’ai toujours pas écrit de roman, ah et oui, et qu’en fait ma réalité c’est plutôt les livres dans le salon qe les salons du livre, mais who knows ?)

    Belle soirée à toi, et merci pour ton humour et honnêteté ! Chat fait du bien ! Sabrina

    1. Lea Herbreteau says:

      Coucou Sabrina !

      Et moi tes commentaires me font toujours tellement plaisir !!!
      Et félicitations d’avoir tenu jusqu’au bout. Je ne peux pas t’offrir de cadeaux, mais tu as toute ma gratitude (c’est pas grand-chose, mais bon!)
      Quand je dis que les gens s’en foutent, c’est qu’en vrai, ils ne comprennent pas. Le fait d’écrire un livre les dépasse complètement. Je dis ça sans jugement, mon meilleur ami est musicien et le fait qu’il arrive à composer UNE CHANSON me dépasse aussi complètement. Mais c’est vrai que quand j’en parle, en général, les gens sont fascinés. Mais c’est aussi que je suis souvent très gênée d’en parler. Syndrome de l’imposteur, sans doute… 🙂

      Et les livres dans le salon c’est aussi important que les salons du livre !!!

      <3

  4. Cyril Destoky says:

    Je prends enfin le temps de commenter 😅

    J’ai bien aimé le côté immersif de ton article, on se sent vraiment à tes côtés dans tes aventures!

    Point de vue dédicace, est-ce que tu as des “trucs” pour trouver quoi écrire? J’en ai fait quelques unes et à chaque fois, je galère à être un minimum original. Surtout que je me sens sous pression pendant que le lecteur me regarde, je sais que je dois improviser quelque chose de bien et l’inspiration n’est pas toujours au rendez-vous 😬

    Encore merci pour cet article!

    1. Lea Herbreteau says:

      Je comprends… Tu imagines même pas le stress, la toute première fois que j’ai dû faire une dédicace. Moi ce que je fais, c’est que je fais parler un peu les gens. J’essaie de saisir un détail, quelque chose qui les touche ou qui les fait rire. Et je le mets dans la dédicace. Sans oublier de remercier.
      Mais bon… On verra si je prends autant le temps de discuter quand je serai aussi célèbre que Rowling (oui, je nourris mes propres illusions !! 😂)

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