Tambouille pour écrivain

Ce que j’ai aimé dans l’écriture de mon roman

Je vous avais dit que j’étais publiée chez Calmann-Lévy? Oui, non?
Je rabats les oreilles de tout le monde avec ça, donc y a pas de raison que je fasse pas pareil avec vous. (déso)

Alors aujourd’hui, je reviens vers vous pour vous parler des choses que j’ai aimées dans l’écriture de mon roman.

En écriture, on nous rabâche souvent à quel point c’est dur de terminer un roman, la galère, la fatigue, le doute, la solitude et gnagnagna … Oui bon, les copains, à la base on écrit parce qu’on aime ça, et parce que ça nous spark joy comme Marie Kondo. Donc trêve de tristesse, surtout pour ceux qui se remettent encore du burnout Nanowrimo et parlons un peu de joie.

(Pour info, c’est le seul GIF que vous verrez dans ce blog, c’est une question de principe.)

Mon personnage principal

Mon personnage principal, c’est Elena. Elle a 28 ans, elle clope beaucoup trop a de longs cheveux roux et gère son anxiété en disant à tout le monde que tout va bien avant de s’enfermer chez elle pendant six mois.

J’ai adoré écrire ce personnage. Elena a presque mon âge, mais une expérience de vie différente de la mienne. Je ne voulais pas me mettre en scène dans un roman, un piège dans lequel il peut être facile de tomber, mais je pense que j’ai quelques réflexes qui sont similaires aux siens. Par exemple, j’ai fumé pendant des années et j’ai aussi beaucoup tendance à m’isoler.

Ce que j’ai aimé dans mon personnage, c’est son cynisme. Je ne pense pas être quelqu’un de particulièrement cynique, mais j’aime ce type d’humour un peu acide, capable d’aborder des sujets graves avec légèreté. Elena est quelqu’un qui va davantage chercher à faire des blagues sur son état plutôt que de regarder les choses en face.

Elle a aussi de grosses failles, puisqu’elle est impulsive et incapable de demander ou d’accepter de l’aide.

Tout ça, ce n’était pas forcément des choses que j’avais prévu à l’avance, mais je l’ai vu se dessiner au fur et à mesure de l’écriture. Et j’ai réussi à l’affiner encore davantage lors de la réécriture et de la correction.

Bref, Elena me plaît beaucoup et j’espère qu’elle vous plaira aussi.

Du love

Je l’ai déjà dit, je crois, mais j’adore les histoires d’amour.
Pourtant, je lis très peu de romance, même si ça m’arrive. Principalement parce que j’aime quand dans un roman, l’histoire d’amour constitue l’intrigue secondaire et qu’elle vient donner du corps et des enjeux à une histoire.
C’est ce que j’ai essayé de faire ici dans Les Contours de la mélancolie.

Mon personnage, Elena dès le début du livre annonce que “son ex s’est barré avec la PlayStation.” Elle a vécu quatre ans avec Théo “un barbu avec une voix de sage posé sur une montagne” avant qu’ils ne se séparent. Et inutile de vous dire qu’Elena n’est pas tout à fait remise (pas du tout) de leur rupture.

J’ai choisi d’incorporer dans ma narration des flashbacks de leur relation. Un déroulé sur leur rencontre, jusqu’à leur premier baiser et le début de leur vie commune. Mon roman en lui-même n’est pas axé sur leur histoire d’amour, mais elle gravite autour des personnages, et elle revêt une importance capitale pour Elena.

Cette histoire d’amour je la voulais simple. Deux personnes qui se rencontrent, qui tombent vite amoureux et qui font leur possible pour que leur relation se passe bien. Du respect, de la tendresse, de l’humour. Je ne voulais pas de relation passionnelle, de brasier. Juste un feu de cheminée. Et j’ai adoré écrire cette histoire, parler de Théo et de l’amour qu’ils ont partagé. De leurs faiblesses, des erreurs de parcours qu’ils ont commises. Et aussi de la façon dont ils ont essayé de s’entraider pendant des périodes difficiles.

Bref, j’ai essayé d’être sincère dans ma manière d’aborder les relations amoureuse.

Répondre à des questions que je me posais sur la vie

Un fun fact sur moi? J’ai grandi dans une famille de profs.

Mes parents avaient de longues vacances, ils n’ont jamais eu à s’inquiéter de leur salaire, de rentabilité, de faire des heures supplémentaires, d’un patron lourd (même si, je tiens à le dire, les profs souffrent d’autres maux, mais c’est pas le sujet.)

Et quand je suis devenue adulte, avec AUCUNE intention de devenir prof, je me suis heurtée à une réalité du travail que je connaissais pas du tout. Le monde de l’entreprise, les entretiens d’embauche, être performant, avoir l’esprit d’entreprise… Ca a été une grosse claque pour la gamine rêveuse que j’ai toujours été. Et même aujourd’hui encore, je continue d’approcher le monde du travail avec la curiosité d’un animal sauvage. En bref, je n’y comprends rien.

Mon roman est aussi ancré dans le réel, celui de la désillusion du travail.

J’ai axé une grosse partie de mon roman sur les relations entre employés, avec les patrons, la pression, les non-dits, etc. Elena travaille dans un cabinet de consulting et elle est aussi face à une réalité qu’elle ne saisit pas et qui la dépasse complètement. Pour moi, parler du travail, c’était un moyen de mettre des mots sur des expériences parfois douloureuses que j’ai vécu en tant que jeune adulte dans une entreprise. C’était essayer de comprendre (et à ma minuscule échelle) de dénoncer certaines choses.

D’ailleurs, pour un prochain roman, j’aimerais beaucoup parler du rapport au chômage. Mais c’est une autre histoire.

Une recette d’humour et de tristesse

Je sais pas si vous connaissez Please Like Me ou Fleabag. Ce sont des séries qui ont une chose très importante en commun : elles sont hilarantes, mais en même temps, elles te font carrément chialer.

Je crois que j’en ai déjà parlé (mais après déjà deux ans de blog, je sais plus de quoi j’ai parlé ou pas dans ce blog) mais j’adore justement ce genre d’oeuvre où on peut rire et pleurer. Et je suis heureuse d’avoir réussi à composer ce mélange pour mon roman.

Elena est une jeune femme isolée, dépressive. Mais jamais de la vie, je n’aurais eu envie de parler simplement de son malheur. J’ai essayer de diluer un peu d’humour, des situations cocasses, des personnages plus punchy. Bref : je ne voulais ni tomber dans le pathos, ni écrire un roman humouristique.

La vie est ainsi composée : on est triste et on rigole. Et c’est pour ça que j’aime tant ces séries ou ces films qui nous rappellent qu’on peut passer du rire aux larmes en seulement quelques pages.

Parler de tendresse et de bienveillance

Je suis pas toujours bienveillante. Surtout avec moi-même. Et je trouve que c’est extrêmement difficile d’être réellement bienveillant. On est sans arrêt pris dans les filets de nos croyances ou nos préjugés. Mais vraiment, j’essaie de l’être. De faire la part des choses.

Je ne m’en suis pas rendue compte pendant que j’écrivais Les Contours de la mélancolie, mais à la relecture, j’ai vu tout un tas de tendresse et de bienveillance de la part de mes personnages.

Théo, l’ex copain d’Elena est quelqu’un qui veut toujours le mieux, qui réfléchit avant de parler, qui s’est longtemps cherché. Assez longtemps pour faire preuve d’empathie et de patience devant ceux qui ne se trouvent pas.

Et un autre personnage que j’adore : Ophélia, la grande soeur d’Elena (je l’ai appelée Ophélia parce qu’à l’époque, j’arrêtais pas d’écouter Oh Ophelia, heaven helps the fool who falls in love… The Lumineers!) Elle est tout l’inverse de sa soeur : raide, impeccable, toujours dans le contrôle, quoi qu’il arrive. Et elle cherche à tout prix à aider sa sœur, quitte à lui mettre le nez dans la merde. Sa tendresse à elle, elle l’exprime en disant à sa sœur qu’elle est con, puis en lui faisant un bisou.

Et surtout, je voulais que mon personnage apprenne à être bienveillante envers elle-même. Qu’elle arrête de croire que pour exister, elle avait besoin d’être parfaite. D’être belle, intelligente, bosseusse, cultivée. Elle est parfaite comme elle est, son entourage l’aime comme elle, mais elle reste incapable de le comprendre.

Et vous, qu’est-ce que vous avez ADORÉ écrire dans votre dernier projet ?

(6) Comments

  1. J’ai lu en diagonale pour ne pas me spoiler XD
    C’est chouette comme article ! Tu as bien raison de rappeler que l’écriture est avant tout un plaisir. De mon côté ce que j’aime c’est les univers que j’invente, j’aime les imaginer et les décrire, ça me donne l’impression de voyager.
    Dans mon roman en cours d’écriture j’ai une héroïne qui est forte et déterminée, beaucoup plus spontanée que moi, d’une certaine façon ça me défoule de lui faire faire un peu n’importe quoi pour atteindre son objectif.

    1. Lea Herbreteau says:

      Olalala..
      Quand j’écris des histoires plus fantastiques et que j’invente des mondes, j’adore aussi avoir cette impression de voyager, de visualiser des ambiances et des paysages ! Bizarrement, ce que je préfère, c’est parler des odeurs des lieux !

  2. Waouh, il est génial cet article et ça donne vraiment envie de lire ton roman. Et je me retrouve dans pas mal de points que tu évoques, notamment le rapport au monde pro. J’ai adoré écrire une nouvelle sur ce sujet avec une jeune femme qui finit par péter un plomb.

    J’ai aimé beaucoup choses dans mon écriture aussi ces derniers temps. Dans mon recueil, j’ai adoré réfléchir aux chutes et évoquer le quotidien de personnes dont on ne parle pas forcément. Dans mon roman, j’ai aimé tout le cheminement psychologique de Cynthia qui décide enfin de mener sa vie comme elle l’a rêvée au lieu de se laisser dicter par les opinions des autres.

    1. Lea Herbreteau says:

      Ah c’est clair que le monde du travail est une source d’inspiration sans fin pour moi ^^
      T’es personnages et le traitement que tu en fais ont l’air super intéressant. Là j’essaie de sortir de ma zone de confort en parlant d’un personnage très froid, et pas très aimable. Je verrai bien ce que ça donne !

  3. Salut Léa,

    Comme toujours, j’aime beaucoup lire tes articles, quel que soit le sujet, et vraiment, je me ferai un plaisir de lire ton roman en janvier. Ça, c’était la minute lèche-bottes 🙂 !

    J’ai absolument adoré la série FleaBag que j’ai dévorée encore plus vite qu’une barre de chocolat noir et dans le genre, je ne sais pas si tu connais le livre “Eleanor Oliphant is completely fine”, mais c’est un personnage tout comme tu le décris, et je pense qu’il te plairait. J’essaie toujours d’écrire avec l’ambivalence des persos, tout n’est ni noir ni blanc, l’être humain est quand même un sacré bordel de couleurs !

    Voilà, belle journée à toi,
    Sabrina

    1. Lea Herbreteau says:

      Et moi, comme toujours, j’adore lire tes commentaires !
      On m’a parlé de ce livre, Eleanor Oliphant, mais je l’ai pas encore lu. Ça m’a effectivement l’air d’être mon genre de lecture. Je le mets tout de suite dans ma wishlist!

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *