Tambouille pour écrivain

Discipline : écrire tous les jours?

Est-ce que je dois vraiment écrire tous les jours?

Sans déconner, c’est une question qui m’a vraiment, mais alors vraiment rendue barjot. C’est très simple, il y a deux ans, quand j’ai eu envie très fort de me lancer dans l’écriture, je me suis dit qu’il fallait que j’écrive tous les jours.

Et je le savais pas à l’époque, mais trouver un rythme pour écrire un roman quand on a déjà un quotidien bien rempli, c’est un vrai challenge. Un challenge que j’ai toujours pas tout à fait relevé. Mais j’ai appris un truc hyper important : de la discipline, mais pas de culpabilité.

Alors donc on en revient à la question de départ (pardon, je tourne en rond, mais c’est que j’ai bu du rhum à midi) c’est est-ce qu’il faut écrire tous les jours?

Ce à quoi, je vais répondre … Oui et non… En fait, je vais essayer de nuancer mon propos en te disant que ce n’est pas une question de faire ça tous les jours ou toutes les trois semaines, c’est une question de discipline, à savoir : une règle de vie à laquelle on se tient.

Ça dépend de tes objectifs

Pour toi, mon petit lapin, te consacrer à l’écriture, ça veut dire quoi? Ecrire de temps en temps le dimanche parce que ça te fait plaisir et ça te permet de t’évader? Ou alors c’est un objectif de carrière ?

Ta discipline va aussi dépendre de tes objectifs, d’où l’intérêt d’avoir des objectifs clairs et des ambitions qui vont avec.

Si, en effet, tu veux écrire pour envoyer ton manuscrit à un éditeur, ou que tu penses sérieusement à l’autoédition, un travail régulier, voire quotidien, c’est complètement indispensable.

Pour que ça devienne une habitude

Ce cher Murakami a écrit un charmant livre qui s’appelle Autoportrait de l’Écrivain en Coureur de Fond.

Il y explique des techniques radicales comme le fait s’asseoir quatre heures par jours à leur bureau, devant leur manuscrit. Pour écrire. Et même s’ils n’écrivaient pas. Simplement pour habituer leur corps et leur esprit, leur dire que c’était maintenant qu’il fallait se mettre au boulot. Ils se contraignaient comme on contraint ses muscles à courir un marathon.

L’écriture d’un roman, n’est pas un sprint, c’est un marathon. Ça prend du temps et de la patience, d’où l’idée d’engagement et de discipline.

Transformer l’écriture en habitude, c’est faire en sorte qu’elle devienne ton quotidien, qu’elle en fasse pleinement partie et qu’elle y ait sa place au même titre que ta douche ou que ton petit déjeuner.

Pour garder un lien ténu avec ton histoire

Je suis intimement convaincue que quand on écrit un livre, il se crée un lien fort entre l’auteur et son histoire. Tu l’as senti, toi aussi? Ce flux, cet amour, cette dévotion? (Ok, c’est cucul,  mais je te rappelle que j’ai bu du rhum à midi) Le laisser derrière soi, c’est l’abandonner et perdre ce lien ténu qui anime les écrivains.

Dans un autre registre, plus tu avances dans ton roman, plus tes personnages deviennent ta famille ou tes amis. Personnellement, j’ai un ou deux personnages avec lesquels je serai ravie d’aller boire un verre. Si tu les quittes trop longtemps, des détails sur leur personnalité ou leur histoire vont finir par t’échapper. Même chose pour ton intrigue.

Construire une intrigue c’est déjà très compliqué. Et si en plus, tu ne la peaufines pas au quotidien, elle va s’effilocher.

Parce que ton histoire ne va pas s’écrire toute seule

Eh bien non.
Quand j’étais plus jeune, je restais des heures à regarder le plafond en imaginant des histoires. Et je me disais : ouais, je vais écrire des livres, et je serai riche et on achètera les droits et les films, et je suis certaine que Ryan Gosling voudra bien jouer le rôle principal, et je lui demanderai demain sur Twitter.

Oui, mais non.

Être un rêveur, c’est beau et je dirais même plus que c’est essentiel quand on est un écrivain. C’est bien parce qu’on a la tête dans les étoiles que les idées jaillissent!

Mais être écrivain, c’est aussi travailler vraiment très dur, et surtout arrêter de croire que c’est parce qu’on a la passion que le travail est déjà à moitié fait.

Non, ton histoire, elle s’écrira pas toute seule, elle ne s’écrira que si tu t’assois derrière ton clavier, le plus souvent et le plus régulièrement possible et que tu fasses avancer le schmilblick.

Mais on n’oublie pas un truc : la culpabilité, ça sert à rien !

Donc… On en est revenus au point de départ.
Est-ce qu’il faut écrire tous les jours?
Eh bien, je dirais que c’est toi qui vois !

J’ai entendu moult écrivains dire qu’il fallait écrire tous les jours. Que c’est que comme ça qu’on y arrive. Et ça se tient, mais en vrai, parfois, c’est pas possible.

On a un boulot, des études, des enfants, des responsabilités, des maladies. Parfois, ce n’est pas possible.
Je dis pas ça pour que tu te trouves des excuses : si tu as parfaitement le temps d’écrire, mais que tu préfère remater des vieux épisodes de Game of Thrones à la place, c’est mal. Mais si tu peux pas écrire parce que ta gamine a la grippe, c’est entièrement différent.

Longtemps, je me suis culpabilisée parce que je n’écrivais pas tous les jours. Et même si j’écrivais jusqu’à six heures par jour, ça n’était jamais assez. Je me forçais sans être jamais contente de moi.

J’avançais très vite, je faisais tous les jours quelque chose que j’aimais. Et même quand j’en avais pas envie, j’étais très fière de m’être forcée, mais j’ai réalisé quelque chose d’important : parfois, il faut aussi savoir lâcher la pression.

S’accorder du temps pour soi sans culpabiliser.
Parce que vraiment, il n’y a pas de sentiment plus NUL et plus inutile que la culpabilité.

Et du coup?

Et du coup, oui, j’écris tous les jours. Mais je ne suis plus aussi auto-nazie que j’ai pu l’être par le passé. J’écris parce que j’aime ça, parce que ça me fait vibrer, mais si un jour ça ne me fait pas vibrer du tout, je ne forcerai pas. Même les plus grands sportifs se reposent.

Pour être un bon écrivain, il faut aussi vivre.

Alors voilà, est-ce que toi, tu écris tous les jours, mon petit lapin?
Crédit photo : Matuska, Pixabay

(1) Comment

  1. […] d’écrire jusqu’à ce qu’on soit proche du burn out. Le secret, c’est la régularité. Rester connecter à son […]

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